Le doute nous prend.
Une heure plus tôt, nous creusions notre puits, méthodiquement, plaçant échelles et éclairages. L’un creusait, l’autre installait. Nous filions à bonne vitesse dans les entrailles terrestres.
Non sans frayeur, nous avons fini par déboucher sur une petite cavité, manquant d’y tomber, pris dans notre élan de mineurs. Nous ne devinions que le vide en dessous de nous.
Maintenant dans le boyau sous-terrain, nous progressions encore plus vite. Parfois, nous entendions des bruits étranges, lointains, qui auraient pu nous inquiéter si nous n’étions emportés par notre avidité de charbon, de fer et d’or ! Que nous ramassions en quantité, poussés par la hâte de retourner à la surface pour fondre le tout.
Mais il nous restait encore à trouver du diamant. Espaçant et économisant nos derniers flambeaux, nous poussâmes toujours plus loin, nous découvrîmes des endroits incroyables. D’immenses cathédrales de gré et de lave en fusion, de bassins d’eau cristalline et leurs chutes tonitruantes.
Et nous l’avons trouvé.
Quelle émotion procure ce reflet bleu qu’on découvre au loin ! Ravis et excités, nous l’avons extrait délicatement. Enfin rassasiés, nous pouvions remonter.
Il nous suffisait de reprendre le chemin des torches. À la première intersection de deux chemins éclairés, nous avons ressenti le ravissement de saisir l’étendue de notre exploration. Nous reprîmes notre chemin, le souvenir de notre passage encore frais.
Puis vinrent une seconde et une troisième intersection, toutes biens éclairées. Le spectre du doute commença à grandir en nous. Puis le cul-de-sac. Obligés de faire demi-tour. Ce ne fut pas le dernier.
Maintenant, on ne sait plus. À chaque intersection on en prend une au hasard, et quand on rebrousse chemin on en découvre de nouveaux qui nous étaient cachés.
Le doute est complet, nos certitudes évanouies.
Riches et perdus.
Découvrir l’origine du souvenir…
