Le Narratoire #7 : Echanges

Courte chronique sur une personnalité ou un fait original, suivie par un exercice d’écriture. Le but ? Stimuler l’imaginaire.

Changeling Fusili

La légende du changeling

Le changeling est une créature issue des légendes folkloriques. Souvent décrite comme un elfe ou un troll, elle prend la place des bébés humains dans leur berceau.

changelingCette légende se retrouve dans plusieurs cultures, et prend différentes formes selon les pays. Parfois, le changeling est placé là par le Diable, d’autres fois, c’est simplement un corps sans âme. Pour éviter l’échange, on demandait aux mères de surveiller leurs enfants pendant au moins six mois, et certaines couvraient le berceau de talismans. Mais la légende pouvait aussi tristement servir d’excuse aux mauvais traitements infligés aux enfants.

Certains détails rappellent également les sociétés patriarcales dans lesquelles la légende évolue : comme les fées ou les elfes n’ont aucun intérêt à enlever des filles, les mères habillaient parfois leurs garçons avec des habits féminins pour tromper leurs éventuels ravisseurs. Une autre technique consistait à laisser sur le berceau un vêtement du père. (source)

Pour révéler l’identité d’un changeling, il faudrait le faire rire ou lui faire prendre une expression de surprise…

Sheridan le Fanu, l’auteur irlandais de Carmilla (souvent considéré comme le premier récit de vampires), écrivit en 1870 la nouvelle The child that went with the fairies, traduite et publiée en français sous le titre L’enfant qui disparut avec les fées. Le texte est disponible en lecture ligne et en version originale.

« Il était une fois une mère dont le bébé fut volé sous ses yeux par les elfes. Ils l’arrachèrent à son berceau et mirent à sa place un changeling avec une tête énorme et des yeux fixes, qui ne faisait rien d’autre que manger et boire. » (traduction du début de The Changeling des frères Grimm)

"The Changeling", John Bauer, 1913
« The Changeling », John Bauer, 1913

Laboratoire d’écriture

Remplacez les lignes d’un texte

Choisissez un texte court, ou un extrait de roman, ou un poème. Recopiez-le.

Effacez les lignes 3, 5, 7, et toutes les deux lignes jusqu’à la fin du texte. Réécrivez-les à votre convenance, en respectant exactement le nombre de mots initial. Respectez les cassures : si un mot est coupé en deux en fin de ligne, remplacez la deuxième partie du mot. Transformez le texte de sorte que le nouveau contenu ne soit ni tout à fait le même, ni tout à fait différent : un nouveau rythme et un nouveau sens émergeront d’eux-mêmes.

Pour rester dans les légendes et les petites créatures, j’ai pris comme base à l’exercice un extrait de Malpertuis de Jean Ray. Ici, j’ai varié l’aspect et le caractère de l’ignoble oncle Cassave.

Texte original ("Malperthuis" de Jean Ray)
Texte original (« Malperthuis » de Jean Ray)

L’oncle Cassave va mourir.
Sa barbe s’écoule, blanche et frémissante, de son visage
encore éclairé et gracieux. De son oreiller s’échappent des parfums,
des odeurs parfaitement délectables et ses mains, qu’il a
longues et tremblantes, sont nouées en un geste de prière.
La femme Griboin qui est venue lui apporter du
vin a réclamé le prêtre.
L’oncle Cassave l’a entendue.
Il lui a souri avant de la renvoyer gentiment.
Quand elle fut partie, dans un remous de jupes
contrariées, il a brisé sa croix en deux.
– Ce n’est pas que j’en aie pour longtemps encore,
mais je n’ai pas assez de péchés à confesser,
et il ne faut pas se presser.


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