VODD, la plate-forme des cinéphiles

Focus sur VODD, la nouvelle plate-forme de streaming lyonnaise : du cinéma pour les cinéphiles et les curieux.

VODD Keaton

Lancée le 22 janvier 2016 par des cinéphiles lyonnais, VODD propose de visualiser des films en streaming. L’originalité de cette plate-forme réside dans sa ligne éditoriale : on y découvre des longs-métrages indépendants, des courts-métrages, des documentaires, méconnus ou introuvables…

Nous avons rencontré Margot Flandrin, responsable de la communication, afin d’en apprendre davantage sur cette initiative cinéphile. Sébastien Morizot est le créateur de VODD. Il travaille aujourd’hui aux côtés de Jeanne-Victoire David (co-fondatrice et chargée des acquisitions), Valentine Codato (co-fondatrice et chargée des acquisitions), Romuald Carpano (développeur) et Kevin Jayat (graphiste). La plupart d’entre eux se connaissent depuis le lycée. Sébastien était réalisateur et monteur à Lyon, Valentine et Jeanne travaillaient dans la production et la distribution de courts-métrages. Une petite communauté de passionnés qui ont eu l’idée de donner accès au grand public à des films qui sortent du circuit traditionnel.

Lorsque l’on arrive pour la première fois sur VODD, on remarque que trois couleurs sont utilisées pour catégoriser les films : le vert rassemble les films accessibles, le violet les films un peu plus difficiles d’accès, et le noir est la catégorie à réserver aux plus curieux, puisque c’est l’endroit où se cachent les films expérimentaux.

« On trouve la plupart de nos films en se rendant dans les festivals. On a une liste de festivals pertinents par rapport à notre ligne éditoriale : notamment les festivals de films de genre, horreur, nanars… Il y a un vrai public pour ça. Mais aussi les films de voyages, documentaires… Ces festivals nous donnent des pistes. On va ensuite chercher les ayants-droits de la VOD. Parfois, on les contacte pour un film, et on se rend compte qu’ils ont tout un catalogue. On essaie de prendre des œuvres qui sont peu vues en-dehors des festivals. On a aussi des films indépendants un peu plus connus, du Jim Jarmush, des frères Coen… Mais toujours dans l’idée du film indépendant qui passerait en salle Art et Essai. »

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Deux outils permettent de faciliter la découverte du catalogue, de guider l’utilisateur, sans pour autant proposer de recommandations explicites, comme sur Netflix.
L’outil « Explorer » propose aujourd’hui un tri par émotions, qui se transformera bientôt en tri par univers. Pour les abonnés, la « roulette movie » est une idée qui plaira aux pressés, qui découvriront un contenu de qualité en fonction du temps qu’ils ont devant eux.

« L’idée de la roulette est de Jeanne. On s’est rendus compte que notre génération séquence sa façon de consommer des contenus audiovisuels. On trouve tout et n’importe quoi sur Internet, et il est difficile de savoir quoi choisir. On est habitués à regarder des vidéos très courtes, sur YouTube par exemple, pas toujours très intéressantes… Au lieu de regarder ces vidéos, on propose un outil qui permet de regarder un vrai film, de 10 ou 20 minutes. La roulette permet aussi de se laisser surprendre. »

Toujours dans cette idée de découverte, de nouvelles fonctionnalités de recommandation doivent être mises en place dans les mois à venir. Parmi elles, une page pour les sélections de festivals, permettant de retrouver des films vus à Clermont ou aux Hallucinations Collectives.

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La plate-forme compte pour le moment 300 films, et 10 films sont ajoutés au catalogue chaque semaine. La sélection de courts-métrages est inédite en France ; il n’existe en effet aucune autre plate-forme mettant en avant ce format de films. Cela permet à ces œuvres de connaître une nouvelle vie après leur passage en festivals et une éventuelle diffusion à la télévision.

« On trouvait dommage que beaucoup de réalisateurs, parce que leurs films ne vivent pas, se retrouvent à les mettre à disposition gratuitement sur Internet. C’est bien que les films soient disponibles sur le net, mais il faut aussi que les créateurs puissent se rémunérer pour créer de nouveaux contenus. Nous, on essaie d’aller chercher ces réalisateurs pour qu’ils mettent leur film sur notre plate-forme, et pour qu’ils puissent se rémunérer de cette façon. »

Instagram VODD
Instagram VODD

Le site compte aujourd’hui environ 200 abonnés, près de trois mois après sa mise en ligne. Atteindre la barre des 10 000 abonnés d’ici la fin de l’année est l’objectif de l’équipe de VODD.

« C’est difficile de trouver des abonnés parce qu’en France, les gens sont habitués à faire du streaming illégal. Nous avons beaucoup de retours positifs sur le concept, tout le monde adore, mais après, faire la démarche de sortir la carte bancaire, c’est autre chose. » Le tarif est cependant plus que raisonnable : 5 euros… le prix d’une bière. C’est d’ailleurs l’un des arguments de l’équipe, qui a listé récemment les bonnes raisons de s’abonner à VODD.
Mais la raison la plus évidente est celle-ci : au-delà d’être une plate-forme unique pour tout cinéphile, VODD est une vraie source d’inspiration pour les créatifs. Elle encourage le cinéma de genre, les formats courts, les histoires osées, les univers décalés, des formes esthétiques hybrides, encourage donc l’innovation et la créativité, en mettant à l’honneur ces œuvres uniques.

L’application Iphone et Android de VODD est prévue pour cet été. La plate-forme est vouée à s’agrandir, toujours dans la ligne éditoriale soutenue jusque là : un cinéma exigeant, pour les cinéphiles et les curieux.