Frontières virtuelles #3

Chaque quinzaine, on se plonge dans un jeu vidéo. Découvrez ces courtes nouvelles entre virtuel et réalité.

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J’avais oublié à quel point j’aimais la mer, élément si bruyant et reposant. De tous mes souvenirs d’escapades maritimes, il m’est difficile de trier les images qui me reviennent, chaotiques, à la vue de ce porte-conteneur éventré sur la plage. M’atteignant comme une lame qui se fracasse contre la coque, en une explosion instantanée et omniprésente de décibels salés.

Grandioses et ratatinées, éparpillées indécemment sur le sable, entre âpres rochets et oyats, tordus comme du vulgaire papier, les boites d’aciers gisent comme le souvenir d’un ancien bombardement, où l’on ressent encore le fracas de destruction à travers les cicatrices urbaines, vibrantes encore des décennies plus tard.

Le titan des mers ainsi étendu, enveloppé du bruit des vagues et du susurrement du vent, prends figure du détournement étrange de l’abandon, si vulgaire et grandiose à la fois. Cabine éventrée, et partout le fer mêlé au carbone depuis longtemps corrodé.

Je reste ainsi sur la crête, hypnotisé, obnubilé, ne voulant rien perdre de l’apparition. Je descendrai ensuite assouvir ma curiosité, explorer ces curieux reliefs redevenus naturels, puis je reprendrai ma route, sur cette étrange île, si déserte, si éclatante de belle solitude, et baignée de ce trouble que je n’arrive pas à saisir encore.

Découvrir l’origine du souvenir…

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