Pendant 14 minutes, ce film à 360° met le spectateur dans la peau synthétique d’un robot construit à l’image de l’écrivain Philip K.Dick et qui, incapable de comprendre d’où surgissent ses souvenirs, se pose la question de son identité et de sa condition en tant que personne – ou en tant que machine.
Le spectateur est donc placé au centre du dispositif. Il incarne Philipp K.Dick, appréhende l’histoire tout du moins de son point de vue. S’il baisse les yeux -l’écran-, il se découvre deux mains. Deux mains qu’il ne peut certes pas agiter à sa guise, mais qui contribuent à cette curieuse impression de corps déplacé. Je ne sais pas si le fait de placer le spectateur dans cette position ambiguë, ni personnage ni acteur de l’histoire, est a priori la meilleure manière d’aborder la fiction à 360°. Dans le cas de I, Philip, je m’explique ce choix par le sujet même du film : la question de l’identité. Le fameux qui sommes-nous, d’où venons-nous, qui préoccupe tout autant le robot du film que le spectateur qui se retrouve un instant dans un corps fantasmé, et qui se demande quelle place il occupe dans la fiction.
Les problèmes posés par l’écriture d’un film tel que celui-ci sont multiples. Il s’agit pour l’auteur et le réalisateur de penser leur histoire en considérant que le spectateur choisit ce qu’il regarde. Il existe déjà des techniques permettant de diriger le regard du spectateur, de canaliser son attention, et l’utilisation du son et des dialogues pallie également au risque que celui-ci manque une avancée importante de l’intrigue. Mais il reste, encore une fois, la question de sa place, j’irais même jusqu’à dire de son rôle.