Vincent Deniard

Entre deux représentations, Vincent Deniard répond aux questions de Métafictions pour cette première série d’entretiens consacrés aux comédiens.

Le temps des suricates metafictions

La première fois que j’ai rencontré Vincent, il y avait un écran entre lui et moi. J’étais assise dans une salle de cinéma, il était debout devant les phares blancs d’une voiture, couvert de sang. De cette scène de Feux Rouges1, je me rappelle la silhouette d’un corps immense, cette barbe tondue comme doit l’être celle d’un mauvais garçon.
Lorsque, quelques années plus tard, j’ai rencontré Vincent une deuxième fois, je me tenais face à un autre personnage, dont le visage était davantage celui d’un enfant. On dit que l’écran transforme. Je pense surtout que Vincent est l’un de ces comédiens aux multiples figures.
Depuis, il a erré sur les planches dans des pièces à succès, comme Sunderland2Le porteur d’histoire3 ou, plus récemment, Le temps des suricates4, dans laquelle il partage la scène avec Marc Citti.
Entretien.


Pourquoi as-tu choisi d’être comédien ?

Au départ je ne choisis pas vraiment… J’ai 12 ans, je vis dans une petite ville de 3000 habitants entre Grenoble et Chambéry, personne ne fait ce métier dans ma famille, mais je me retrouve à jouer Tony dans une adaptation de West Side Story pour la fête de fin d’année du collège et c’est le déclic ! J’annonce à mes parents que je veux devenir comédien, évidemment ils prennent ça pour une passade, et je n’en démords plus. Je me mets à lire les livres de Stanislavski (je n’y comprends pas grand chose !), je monte à Paris à 15 ans pour y suivre mon premier stage d’été au Cours Florent, et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui !
Depuis évidemment mon métier est devenu un vrai choix : j’aime jouer plus que tout, j’aime le mode de vie que m’apporte ce métier, j’aime la complémentarité entre la scène et l’image, j’aime les rencontres, j’aime cette aventure là !

Comment travailles-tu tes rôles ? T’appuies-tu sur une école, une méthode particulière ?

Je n’ai pas vraiment de méthode spécifique, je m’appuie davantage sur mon instinct et sur mon expérience. En revanche j’ai besoin d’échanger avec le réalisateur ou le metteur en scène pour pouvoir tracer au mieux les contours du rôle, tel qu’il le voit et tel que je l’imagine.

Es-tu influencé par le travail d’un comédien en particulier ?

J’aime et j’admire beaucoup d’acteurs et d’actrices. De là à être influencé… je ne sais pas, peut-être inconsciemment. Mais notre métier est tellement personnel – c’est toujours de soi qu’on part – que c’est difficile d’être influencé par quelqu’un sans risquer de tomber dans l’imitation. On en voit parfois, des jeunes acteurs qui se prennent pour Al Pacino ou Patrick Dewaere, ça ne marche pas toujours très bien… Parmi les acteurs que j’admire je peux te citer Gérard Depardieu, Philippe Seymour Hoffman ou Isabelle Huppert par exemple. Ce qu’on peut trouver d’inspirant chez les grandes figures comme eux, ce n’est parfois pas tant le travail lui-même que les choix de projets qu’ils font ou qu’ils ont faits.

Tu es comédien de cinéma et de théâtre. As-tu une préférence pour un monde ou pour l’autre ?

Je suis venu à ce métier par le théâtre, j’ai beaucoup joué sur scène, en quelques années j’ai joué certains spectacles plus de 250 fois… Et j’aime toujours autant ça ! Je ne me lasse jamais, car chaque soir, et ce n’est pas une vue de l’esprit, le spectacle est différent. Chaque soir il faut réinventer le texte et les situations. Donc je crois que je ne pourrais pas me passer de théâtre trop longtemps. Mais depuis quelques temps aussi j’ai la chance de tourner de plus en plus régulièrement, dans des genres complètement différents, et ça me passionne vraiment autant! J’adore l’immédiateté que demande l’image, le fait d’être là dès la première prise, se jeter tout de suite dans le volcan. Et pouvoir jouer sur le chuchoté, le tout petit geste. L’échelle de jeu est différente et ça aussi c’est passionnant.

Vincent Deniard Le temps des suricates
Avec Marc Citti dans « Le temps des suricates »

Admets-tu la présence du « quatrième mur » au théâtre ? Essaies-tu de te détacher tout à fait du public, comme s’il n’était pas présent, ou ajustes-tu ton jeu en fonction de ses réactions ? Comment le public influe-t-il sur ton jeu ? (dans le bon comme dans le mauvais sens?)

Sur scène je n’oublie jamais la présence du public. Je ne cherche pas forcément à lui plaire à tout prix, mais je ne l’oublie jamais. Techniquement ça demande une certaine adaptation, de la voix bien sûr pour être entendu par tous, du corps pour que tout le monde voit. Je mentirais si je disais que je ne tiens pas compte des réactions du public : c’est tellement agréable de se sentir porté par un public qu’on sent avec nous, à l’écoute, rieur ou vibrant…

Tu rappelles-tu de représentations durant lesquelles le public a eu des réactions inattendues ?

Ça arrive très souvent ! Des rires qui viennent à des moments improbables, des gens qui commentent le spectacle… Ça peut être agréable, mais ça peut aussi être déstabilisant comme ces moments que beaucoup de comédiens connaissent où on doit baisser le rideau car un spectateur a fait un malaise, ou bien ces gens maintenant qui ne peuvent pas s’empêcher de regarder leur téléphone pendant le spectacle, ce qui donne des sortes d’étranges halos bleus au milieu de l’obscurité de la salle… Ça donne surtout envie de les étrangler il faut bien le dire!

Il arrive que tu joues la même pièce plutôt dizaines ou centaines de fois. Parviens-tu encore à garder une spontanéité dans ces répétitions exactes de paroles et de mouvements, ou rentres-tu dans une certaine mécanique ?

C’est tout l’enjeu quand on joue longtemps le même spectacle. Et j’ai eu la chance de vivre ce plaisir plusieurs fois. Il faut se rendre disponible au présent, être à l’écoute des partenaires. C’est facile à dire mais parfois c’est dur. Mais c’est ça le métier : évidemment le public vient pour la première et unique fois, souvent il paye cher, je pense souvent à ça, et on se doit de lui donner le meilleur. Et puis une interprétation ça évolue, il y a beaucoup de façons différentes de jouer un texte tout en gardant les grandes lignes voulues par l’auteur ou le metteur en scène. J’ai beaucoup appris en écoutant faire Jean-François Balmer, avec qui j’ai eu la chance de jouer Henri IV au théâtre: je l’écoutais en coulisses, et chaque soir il disait le texte d’une façon différente. Des petits riens parfois, juste une intonation ou une intensité qui pouvait changer, mais du coup son partenaire recevait une balle différente de la veille et ainsi tout l’échange prenait une couleur différente. La même scène mais d’autres couleurs. C’est sans doute un des secrets pour ne pas s’ennuyer.

Le rapport au public qu’entretiennent les comédiens de théâtre ne fonctionne plus du tout sur un tournage. L’équipe peut ressembler parfois au pire public de théâtre. Elle se trouve dans la position du spectateur, mais n’a pas choisi d’assister à un spectacle. Ce rapport au public te manque-t-il ? Comment passes-tu des planches au plateau ?

Oui, je crois que ce serait une erreur de considérer une équipe de tournage comme un public à qui il faudrait plaire.
A l’image je joue pour le réalisateur, c’est auprès de lui ou d’elle que je prends conseil. C’est une relation souvent assez intime, quelques mots glissés à l’oreille peuvent suffire à me diriger ou me rassurer. Je déteste d’ailleurs les réalisateurs – heureusement ils sont très rares – qui ne prennent pas la peine de se lever du combo pour venir parler aux acteurs, et qui parfois – ça m’est arrivé – font de la direction d’acteurs par talkie-walkies interposés…

Vincent Deniard Sunderland
« Sunderland »

Dans quelles mesures tes relations personnelles avec les autres comédiens peuvent-elles influer sur ton jeu ?

J’ai une mémoire très sélective alors je ne me souviens pas vraiment m’être mal entendu avec tel ou telle partenaire… En vrai je ne crois pas avoir jamais été confronté à cette situation où je devrais jouer une scène d’amour ou d’amitié avec quelqu’un que je détesterais ! Au théâtre on peut être amenés à jouer ensemble plusieurs semaines ou plusieurs mois, alors mieux vaut crever les abcès quand ils se présentent ! Je déteste les conflits dans le travail. Au cinéma ou à la télé, c’est plus éphémère, on peut faire avec le manque d’affinités.
A l’inverse j’ai quelques souvenirs de scènes agréables avec des comédiennes que j’aimais bien dans la vie… Bon, ce n’est pas le côté le plus désagréable de ce métier !

Il faut avoir une certaine conscience de soi pour aborder la conscience d’un autre. Le travail sur le personnage te permet-il d’en apprendre davantage sur toi-même ?

C’est compliqué pour moi d’avoir une approche intellectuelle de mon métier. Parce que jouer c’est organique, c’est instinctif, c’est s’emparer des mots d’un auteur et les rendre vivants du mieux qu’on peut. Ça passe par le corps, par les sensations, par la voix. Toujours au présent, et toujours à partir de soi. Ce qui veut dire par exemple qu’aujourd’hui je ne jouerai plus Guillaume le Conquérant de la même façon qu’il y a deux ans, parce que j’ai forcément évolué et appris depuis ce tournage. Et que, pour prendre un autre exemple, quand je joue au théâtre, mon travail sur le rôle est différent d’un soir à l’autre, en fonction de ce que m’envoie mon partenaire, la salle, en fonction d’une certaine inspiration… Il y a évidemment des lignes directrices qui ne bougent pas, la situation par exemple reste la même, mais je ne crois pas qu’on puisse parler de personnage comme d’une image figée à jamais.

Il y a beaucoup d’anecdotes concernant le travail d’Heath Ledger sur le personnage du Joker, et l’influence que celui-ci aurait eu sur la disparition de l’acteur. Christian Bale, pour se justifier de l’agression verbale qu’il avait fait subir au technicien qui l’avait interrompu au milieu d’une scène, a déclaré qu’il n’était plus tout à fait lui-même, mais encore dans son personnage. As-tu déjà senti que le caractère ou le vécu d’un personnage déteignait sur toi ? Penses-tu qu’il soit possible d’annuler la personnalité d’un comédien au profit de celle d’un personnage, même momentanément, ou le personnage est-il condamné à ne jamais exister tout à fait ?

Pas vraiment… Mais je ne désespère pas : ça m’arrivera peut-être si un jour j’ai la chance d’atteindre le niveau des deux acteurs que tu as cités ! Blague à part, je n’ai jamais eu trop de mal à me détacher du rôle après la journée de tournage ou après la représentation. Au contraire j’adore passer très vite à autre chose. Au théâtre après le spectacle si des amis sont là on boit une bière et on parle de leurs vies. Sur les tournages après les prises, et encore plus si c’est une scène violente ou dure, je désamorce avec une blague plus ou moins fine… Mais ça va un peu plus loin qu’un simple besoin de calmer le jeu, en fait je vois ça comme une politesse d’acteur.
J’ai lu quelque chose sur Marion Cotillard notamment qui parle de son travail sur Piaf, comment parfois elle laissait la place tout entière au rôle. Ça ne m’étonne finalement pas, vu le résultat incroyable à l’écran. Le lâcher-prise de l’acteur c’est le travail de toute une vie ! J’aime sentir ce dédoublement entre le « moi » qui joue à fond la situation et le « moi » qui n’oublie jamais vraiment la place de la caméra ou les réactions de la salle.

Une question d’ordre presque mystique : Entretiens-tu une relation avec tes personnages, peux-tu les matérialiser, les visualiser en-dehors du corps -le tien- par lequel ils sont représentés ?

Il y a sûrement autant de caractères d’acteurs qu’il y a de caractères humains… Je suis un acteur Breton, du genre terrien et pragmatique, donc non je n’ai pas cette sorte de relation !

Laisses-tu une large place à la sensibilité, à la spontanéité dans ton jeu, ou préfères-tu réfléchir longuement au personnage avant de l’incarner ?

Il y a une réflexion en amont bien sûr. Sur le sens du scénario ou de la pièce. Sur pourquoi j’ai envie de m’engager sur ce projet, qu’est-ce que cette histoire ou ce texte font vibrer chez moi. Sur la fonction de mon rôle dans l’histoire. Je pense d’ailleurs qu’il est important pour un acteur de s’intéresser à cet aspect-là du travail, à l’art du récit et à sa propre place dans l’histoire qu’il va aider à raconter. Lire « La dramaturgie » de Yves Lavandier par exemple ! En revanche, au moment du jeu il ne faut plus réfléchir : il faut agir, se laisser vibrer, tenter de vivre les choses ou de dire les mots comme si c’était la première fois qu’ils nous parvenaient.

Justement, es-tu absolument fidèle au texte, ou penses-tu qu’il faut se détacher des dialogues pour se les approprier ?

Je fais beaucoup de théâtre. Et au théâtre il est souvent hors de question de changer quoi que ce soit aux dialogues, même s’il y a des exceptions comme par exemple lorsque l’auteur est aussi partenaire, comme c’est le cas avec Marc Citti dans Le Temps des Suricates ³. Là il y a eu des échanges entre nous pour modifier tel ou tel passage de la pièce, mais ça reste minime. J’ai de toute façon beaucoup de respect pour le travail de l’auteur, j’imagine le temps qu’il a passé à peaufiner ses dialogues, et je trouve assez grossiers les acteurs qui arrivent sur le plateau et disent systématiquement autre chose que ce qui est écrit. C’est un peu facile de croire que c’est comme ça qu’on « s’approprie » un rôle. L’enjeu justement est de faire siens des mots qui ont été écrits par un autre. Que le spectateur ait l’impression qu’on vient de les inventer. Ceci dit, parfois c’est le choix du réalisateur de laisser ses acteurs improviser ou de pouvoir modifier leurs dialogues et c’est quelque chose que je trouve souvent très agréable. Ce que je n’aime pas c’est arriver avec mes gros sabots et imposer mon langage. C’est un échange, mais je suis d’abord interprète. Et beaucoup de belles choses peuvent naitre au milieu des contraintes.

Vincent Deniard dans Feux Rouges
Avec Jean-Pierre Darroussin dans « Feux Rouges »
Guillaume le Conquérant Vincent Deniard
« Guillaume le Conquérant »

Comment abordes-tu un personnage monstrueux, tout du moins à l’opposé de tes propres valeurs morales, comme dans Feux Rouges ?

J’essaye de laisser mes valeurs morales au vestiaire quand je joue. Je pense être capable de faire beaucoup de choses dites monstrueuses ou bien grotesques à l’image ou sur scène, du moment que le rôle est bien écrit, qu’il n’est pas monstrueux ou ridicule gratuitement. Je parlais tout à l’heure des fonctions de l’acteur, et bien en voilà une essentielle, représenter les monstres. Leur donner un visage humain. Ceci dit mon rôle dans Feux Rouges n’était pas aussi riche que ça : entre les castings et le tournage le réalisateur, je ne sais pour quelle raison, l’avait beaucoup édulcoré.

Y a-t-il des rôles que tu refuserais de jouer, et pour quelles raisons ?

Avec le temps j’ai appris à dire non. Je me fie à mon instinct : parfois je ne sens pas le projet, d’autres fois le rôle lui-même, ou bien c’est le metteur en scène… Ce que je sais à coup sûr, c’est que je refuserais un rôle où je devrais blesser ou tuer un animal pour de vrai. Je pense à ça car il y a eu une polémique récemment avec un metteur en scène de théâtre qui demande ce genre de choses à ses comédiens. Clairement pour moi ce serait non.

Travailles-tu différemment les rôles de personnages ayant réellement existé, comme Guillaume le Conquérant ?

Je bosse souvent avec un très bon coach d’acteur –Jean Michel Steinfort pour ne pas le nommer- qui m’a dit un jour qu’on devrait toujours imaginer que le personnage qu’on joue existe vraiment, même s’il est évident que ce n’est pas vrai, qu’il faudrait penser que le type peut débarquer au théâtre ou sur le tournage, et que sans doute il n’aimerait pas être trahi par l’acteur… Dans le cas de Guillaume le Conquérant je m’étais documenté, j’avais lu plusieurs livres et visité la tapisserie de Bayeux. Mais finalement je ne suis pas certain que ce travail en amont résiste au réel du tournage. En l’occurrence, j’aurais sans doute joué un autre Guillaume avec un autre réalisateur ou dans d’autres conditions de tournage. J’aimerais d’ailleurs y revenir un jour, c’est un rôle que je suis loin d’avoir fini d’explorer.

As-tu en tête le personnage que tu voudrais incarner un jour ?

Pas vraiment. Ça fait d’ailleurs partie de mon plaisir d’acteur : je ne sais pas où le vent me portera la fois d’après ! En revanche j’ai des envies de metteurs en scène, de partenaires, de genres de projet, ça oui. Des envies de situations fortes, de textes riches !

On attribue souvent aux comédiens un certain type de rôles, du moins pour un temps. Cherches-tu à tout prix la diversité de tes personnages, le contre-emploi ?

J’ai à la fois la chance et la malchance d’avoir un physique très identifiable, avec mes presque 2 mètres et mes 130 kilos ! Avec le temps j’ai appris à accepter cette particularité comme un vrai atout car d’abord il y a tellement de comédiens que c’est quelque chose qui me distingue. Et puis j’aime jouer avec ce physique : aller dans le sens du vent et pouvoir faire peur ou impressionner facilement, mais encore plus aller à contre courant et travailler sur ma douceur, ma féminité, sur l’enfance. J’adore quand on me dit que je peux aussi être très petit ! Je ne fais pas ce métier pour rester dans les clous que pourrait m’imposer mon gabarit de colosse des Ardennes, je m’ennuierais trop !

Le comédien doit être capable d’autant d’imagination que l’auteur ou le metteur en scène. Il participe à la construction du personnage. Comment conçois-tu les échanges entre le metteur en scène (ou le réalisateur) sur cette construction ? Préfères-tu réfléchir seul en amont ? As-tu besoin de retours constants sur ton travail, à la fin d’une prise, à la fin d’une répétition ou d’une représentation ?

Comme tous les acteurs je crois, j’ai besoin d’être regardé et dirigé avec bienveillance. C’est essentiel pour que je me sente libre dans mon travail. Libre de proposer et d’être créatif. Aussi bizarre que ça puisse paraître il y a des réalisateurs qui n’aiment pas les acteurs, j’ai même débuté au cinéma avec un de ces réalisateurs-là ! Ce fut une expérience difficile sur le moment mais finalement très constructive. J’aime les réalisateurs qui vont de temps en temps au théâtre, qui côtoient les acteurs au quotidien et qui ne nous voient pas comme des créatures bizarres qu’il faut bien se coltiner pour faire un film… Au théâtre j’adore ce moment des répétitions où on cherche ensemble avec le metteur en scène, où on « travaille la pâte ». Mais j’ai besoin de concret pour avancer, pas de détails psychologiques auxquels je ne comprends souvent pas grand-chose, mais plutôt d’indications simples sur les émotions, le rythme, l’intensité, ou bien sur un détail corporel. J’ai la chance en ce moment de travailler au théâtre avec des metteurs en scène qui sont eux-mêmes comédiens, Alexis Michalik et Benjamin Bellecour, et avec eux ça va vite : quelques mots précis et normalement je vois où ils veulent en venir ! C’est très bien quand les choses se passent dans l’harmonie et la simplicité. Je viens de tourner pour la deuxième fois avec un réalisateur que j’aime beaucoup, Jérôme Cornuau, et avec lui c’est pareil : on se parle peu, il suppose qu’a priori j’ai compris de quoi parle la scène, que je l’ai travaillée seul en cherchant les différentes possibilités dans le texte ou dans la situation… et s’il faut faire quelques réglages sur le jeu et bien il vient me voir et me donne ses réglages comme il le ferait avec son chef-op : « un peu plus de ceci, un peu moins de cela», et puis voilà !

Es-tu attiré par l’écriture de théâtre, de cinéma ?

Oui c’est quelque chose qui me plairait… Au fil des années j’ai régulièrement noté des idées, de personnages, de scènes ou de dialogues, mais pour l’instant je ne suis pas allé plus loin. J’aimerais beaucoup faire quelque chose de mes 3 années passées à travailler comme vigile sur les Champs Elysées, j’ai beaucoup appris sur la nature humaine ! Ça viendra un jour, j’en suis sûr !

Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu dans ta carrière ?

Jean-Pierre Darroussin m’avait dit « Toi il faut que tu grossisses. Dans le futur les Français seront de plus en plus gros et ils auront besoin d’acteurs pour les représenter ». Et il avait raison : je travaille beaucoup plus depuis que j’ai pris du ventre ! (rires)

Merci à Vincent Deniard pour cet entretien.
Propos recueillis par Sarah Beaulieu en mars 2015.

Actualités:

Les Disparues du Lac (réalisation Jérôme Cornuau), série diffusée prochainement sur TF1.
Le Grand Jeu (écrit et réalisé par Nicolas Pariser), avec Melvil Poupaud. Prochainement au cinéma.


1 Feux Rouges, écrit par Cédric Kahn, Laurence Ferreira Barbosa et Gilles Marchand, réalisé par Cédric Kahn.
Sunderland, pièce écrite par Clément Koch et mise en scène par Stéphane Hillel.
3 Le porteur d’histoire, pièce écrite et mise en scène par Alexis Michalik.
4 Le temps des suricates, pièce écrite par Marc Citti et mise en scène par Benjamin Bellecour. (voir l’article du Figaro)
Guillaume le Conquérant, docu-fiction écrit par Edouard Lussan, Bruno de Sa Moreira et Jacques Dubuisson, réalisé pour Arte par Frédéric Compain.

Crédits photo : Lisa Lesourd, Guillaume Eymard, Stéphane Hillel.